Lolito


Flo, comment as tu commencé à chanter pour le groupe ?

Flo : Je faisais des chœurs vite fait dans mon groupe précédent. Dans Lolito, il fallait chanter, alors je chante… Je regarde comment Anne fait et j’essaye de faire comme elle ! J’apprends par mimétisme. J’ai aucune technique, donc comme Anne a vachement de technique, je regarde et ça passe.

Et pour la basse ?

Flo : Mathias m’a dit : « Oui, fais en… Tu ne sais pas en faire ? C’est pas grave ». J’ai dit ok. Au final, ça marche bien.

Mathias : Moi, c’est ma technique : pas de technique. Ça c’est une de nos différences, dans le groupe : nos méthodes de travail. J’ai aucune méthode de travail, j’ai jamais bossé un instrument de ma life. Je veux dire, je taffe un peu, selon ce que j’entends, mais j’ai jamais fait des gammes, des conneries…ça me casse les c… . Michel il est instinctif, aussi.

Michel : Oui, ça m’a toujours emmerdé, l’académisme. Je ne peux pas, il y a une odeur de vieux, là dedans, qui m’insupporte.

Mathias : Anne, au contraire, a vraiment une rigueur de taf incroyable. Flo aussi a vachement bossé son violon…

Flo : Oui. Mais ce travail sur le long terme, au conservatoire, maintenant c’est un gros traumatisme, aussi. Pourtant, j’ai eu des bons profs. Mais il y a des examens systématiques, une espèce de perfection qu’on attend constamment de toi alors que t’as dix ans…

Anne : Moi, au conservatoire de chant, j’étais un O.V.N.I. Je suis arrivée là à 22 ans, je ne savais pas lire la musique… J’ai mis du temps à appliquer la méthode, à me dire qu’il fallait que j’apprenne à lire… Donc je suis d’accord, ça peut inhiber sur certains points. Mais ce que je trouve génial, c’est quand on peut dépasser cette inhibition et avoir les moyens techniques de faire ce qu’on a au fond de nous ! Selon moi, on y parvient beaucoup mieux quand on a des moyens techniques que quand on le fait juste d’instinct. J’étais pas suffisamment douée pour le chant pour pouvoir chanter, comme ça, sans avoir bossé. Du coup…

Mathias : Je m’inscris en faux. Je pense qu’Anne était douée.

Vous avez été sélectionnés pour le Zebrock, cette année. (Une formation et tremplin pour les groupes d’Ile de France, NDLR). Vous y apprenez quoi ?

Flo : On y apprend à avoir un nouveau recul sur des morceaux qu’on pensait acquis. C’est un nouveau travail, autant pour la prestation scénique que pour les ateliers où on travaille plus sur les instrumentations. On n’a pas encore eu le temps de mettre tout ça en œuvre dans des répétitions entre nous. Mais à chaque fois qu’on en sort, on est ravis, c’est super riche… L’atelier de prestation scénique, par exemple, nous a fait nous interroger vraiment sur ce qu’on voulait dire dans les morceaux. Pas forcément en terme de paroles, mais en terme d’énergie. Chercher à gagner en énergie, en cohésion…

Michel : On est d’accord avec Flo.

Mathias : On est TOUJOURS d’accord avec Flo (rires)

Et vous avez fait des collaborations avec le théâtre..

Anne : Mon premier métier, c’est comédienne. J’ai fait une école à Lille, l’école du théâtre du Nord. On est restés très liés avec les gens avec qui j’étais dans l’école. L’année dernière, alors que Lolito existait depuis à peu près six mois, un de mes meilleurs potes m’a proposé de jouer dans une pièce qu’il mettait en scène au théâtre du Nord (Shopping and Fucking, de Mark Ravenhill, un auteur anglais). Lolito faisait vraiment partie de la pièce. J’étais à la fois avec le groupe, en tant que chanteuse du groupe, et sur scène : je sortais de l’espace du groupe, et je jouais.

Vous avez écrit des morceaux pour la pièce ?

Anne : Non, c’était nos morceaux. C’était vraiment Lolito, qui faisait partie de la pièce. Il y a eu une super belle entente. Les comédiens, qui sont membres de la troupe du théâtre du Nord, nous ont proposé de les accompagner sur un cabaret à La Gare St Sauveur de Lille. On les accompagnait sur des reprises qu’ils avaient choisies, et qu’on réorchestrait.

Flo : Y en avait des sympas !

Anne : Bowie, West Side Story, Queen…

Mathias : On a galéré sur “Mon mec à moi”. (il chante) Tu joues avec mon cœur…

Et en live, vous faites une reprise un peu improbable… (Ace of Base, All that she wants. NDLR)

Anne : Je ne boude pas mon plaisir, j’adore cette chanson, et je l’adorais quand j’étais en cinquième.

Mathias : C’est vrai qu’elle est jolie. Surtout ce passage Majeur Mineur, Mineur Majeur.

Anne : Du coup, on la joue en acoustique.

Vous avez récemment publié un nouveau morceau sur Myspace ? Spacioline, en acoustique.

Michel : Spacioline, c’est un morceau ambigu. Enfin, non, ambigu, c’est pas le mot juste, mais soit on l’aime, soit on l’aime pas, ça dépend des moments… Là on vient de l’aimer à nouveau, alors que pendant un moment on l’aimait moins.

Flo : Elle est extrêmement différente en acoustique de ce qu’elle est en électrique. Et en plus, comme c’est quasiment QUE vocal, on se marre bien à la faire.

Michel : Avec les sets acoustiques, on voulait vraiment faire des versions différentes des morceaux. Pas seulement prendre une gratte sèche à la place d’une électrique.

Anne, il y a des chanteuses qui t’ont fait comprendre que tu pouvais amener ton type de voix dans un groupe de rock ?

Michel : Ah, il y a une petite chanteuse cantonaise, qu’on a rencontrée dans le treizième… (ils se marrent). Non mais on dit parfois, quand on chante très aigu, comme ça, qu’on a des sonorités un peu chinoises.

Flo : On appelle ça des chinoiseries.

Michel : On n’a absolument rien contre le folklore chinois !

Anne : Moi j’adore Bjork, et ce que j’aime surtout dans Sugarcubes, c’est sa voix. C’est pas du tout pour dire que c’est pareil dans Lolito !! Avant Lolito, j’écoutais pas beaucoup de rock. Les autres m’ont fait découvrir Blonde Redhead, le jour de la première répet. J’ai acheté le disque le lendemain : Misery’s a butterfly. J’écoute aussi PJ Harvey. Et – c’est pas du rock – mais j’adore Joni Michel. Vocalement, il y a beaucoup de choses dont je peux m’inspirer : elle a un timbre très personnel, très pur. Et elle arrive à avoir du vibrato sans que ce soit kitsch, et ça, c’est très balaise.

Anne : Il faut dire aussi que je ne chantais pas vraiment pareil avant Lolito. On utilise des registres très différents qui vont du chant aigu au cri. Dans BRSTRD, je hurle ! Et J’adore faire ça.

Mathias, Michel, quand vous cherchiez une chanteuse, vous imaginiez ce type de voix ?

Michel : Je dois avouer que je suis fan de Denali , un groupe passé sous silence. Ils viennent de Virginie, ils ont sorti deux albums à peine. J’adore la voix de la chanteuse, c’est un de mes groupes de rock préférés. Donc je voulais vraiment que Lolito soit du chant féminin. Et je trouvais que la voix de Anne pouvait très bien surpasser son apprentissage académique pour se mettre dans un bain rock. Elle s’adapte bien à ce type de musique.

Mathias : Personnellement, je suis obsédé par Blonde Redhead. Et j’adore les chinoiseries ! Tous les tubes sont vraiment chinois. Dans une gamme chinoise !

Anne : Avec Lolito, j’ai vraiment découvert ce que je voulais faire : hurler sur scène et transpirer ! En tout cas, avoir l’espace de le faire à un moment.

Interview par Nico Calibre


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