Loki Starfish


On va maintenant, si tu le veux bien, s’attarder sur une chanson de ton choix, et tu vas nous en décrire le processus de composition et tout se qui a pu se passer par la suite : clip, live, etc.… Bref, l’alpha et l’oméga d’une chanson.

Jérémie Lapeyre : C’est tout choisi : « It’s The Light ». Au début j’avais écrit le texte, et puis j’étais en contact via myspace avec Michael. Il a composé une compo guitare-voix. Par la suite un arrangeur a ajouté des synthés. C’était parfait pour moi, je voulais vraiment ne pas donner dans la balade chant/guitare. J’ai donc ajouté des rythmiques électro, en gardant en tête que je voulais obtenir une atmosphère aquatique. Michael est revenu et a arrangé l’outro. Le sujet de la chanson est le plaisir féminin, le besoin d’énergie, pas seulement le plaisir physique. Viktor Miletic a travaillé sur le clip — sachant qu’il avait travaillé sur le clip de Marlan Mango.

Justement : les clips. Quels sont les intentions de votre part ? Et la réception, l’interprétation ?

Les clips sont reçus très différemment. Leur sens est très ouvert et laisse libre courts à de multiples interprétations. On a quasiment un réalisateur par clip. Celà fait parti du propos que d’avoir des éclairages variés.

Tu en as réalisés ?

Non, pas pour l’instant. Ce sont des réalisateurs que j’ai rencontré ou contacté pour leur travail. Nous avons procédé à chaque fois de la même manière. Avec chacun d’eux et pour chaque titre qu’ils devaient réaliser, nous avons pris le temps de bien décortiquer le propos du texte et ce que pouvait traduire le son. Après ça nous leur donnons carte blanche. Je pars du principe qu’après avoir choisi un réalisateur et après lui avoir expliqué tout ce qu’il y a dire sur le morceau, Il est bon de lui faire confiance.

Tu es toujours satisfait du résultat ?

Oui. Même si parfois j’aurais aimé voir des choses, des images que j’avais à l’écoute du morceau et que le réalisateur n’a pas eu. Mais c’est très personnel, et d’autre part c’est la règle du jeu dans le système que j’ai adopté avec les réalisateurs, pas d’ingérence ni de castration !

Aurais-tu un clip qui te touche particulièrement ?

J’aime beaucoup le clip de « Drifting Sun ». On retrouve vraiment l’ambiance naïve qu’il y a dans la musique. Ce personnage qui se frotte à la vie, et qui se sert de sa marionnette comme béquille pour affronter la vie quotidienne, c’est tout à fait naïf. La touche d’absurdité de la fin me plait vraiment ! « Blood » me plaît beaucoup aussi. C’est Laetitia Laguzet qui l’a réalisé en stop-motion. On y retrouve également la quasi-totalité du groupe, sauf Amélie. Aujourd’hui Laetitia Laguset travaille sur le clip du premier morceau de l’album : « Scars & Promises ».

Pour revenir aux images qu’il y a dans les clips et aux interprétations qu’elles peuvent susciter ; pourrais-tu nous en donner un exemple ?

It’s the light est celui qui suscite le plus de réactions et d’interprétations différentes. Les gens pensent à la violence conjugale, au Sida, à une métaphore des blessures de chacun. Il y avait une introduction qui fournissait une explication à nos blessures, une longue séquence dans laquelle on se faisait tabasser à la fin d’un concert. Il y avait d’ailleurs un tas de figurants, et l’ensemble des membres de Loki Starfish. On avait emprunté une technique à Daren Aronofski, qui consiste à fixer la caméra sur certains comédiens, ce qui donne beaucoup de mouvements. Puis le clip commençait tel qu’on le connait aujourd’hui. C’est le seul cas où on a choisi de ne pas garder l’intégralité d’un clip.

Pour quelles raisons ne l’avez-vous pas gardé ?

Ca fonctionnait mal, c’était un peu cheap, il y avait un coté téléfilm… français ! Mais peut être qu’on va l’intégrer au DVD.

Peux-tu nous parler de ce concept qui consiste à réaliser un clip par titre ? Sont-ils tous tournés ?

J’avais abandonné l’idée des clips parce que ça coûte assez cher. Victor m’a proposé de réaliser « Marlon Mango », qui a couté trois cent euro, grâce au bénévolat. Puis Laetitia m’a ensuite proposé de réaliser un clip à son tour, et enfin Olivier. Ca mobilisait beaucoup d’énergie et une grosse organisation, mais c’était assez excitant, tout le monde s’y plaisait bien. Alors tout doucement est venue l’idée de réaliser un clip pour chacun des quinze titres de l’album. ’est aussi un bel outil de diffusion sur les plateformes de vidéos en streaming. On en a tourné onze et il en reste donc quatre, déjà en cours de préparation.

Tout le monde est comédien dans Loki Starfish. C’est un hasard ?

C’est la vie ! J’ai rencontré Thomas par myspace et il s’avérait être aussi comédien. Il m’a présenté Jacques. Mais c’est vraiment une histoire de rencontres fortuites. Donatien et son groupe sont venus jouer à une soirée qu’on avait organisée, Jacques, Thomas et moi, La fameuse “Soirée Baise” à thème 80’s, avec une esthétique assez dégueulasse. Comme Michael devait partir aux Etats-Unis à ce moment là, nous l’avons invité à rejoindre les rangs de Loki Starfish. J’ai également rencontré Amélie, qui a fait de l’équipe du festival Sang Culotte, un festival “érotico-porno-gore”. Elle cherchait à jouer de la basse, et nous cherchions un(e) bassiste.

Vous avez eu l’opportunité de jouer ensemble en tant que comédiens ?

Non ! A part dans les clips bien sûr !

Ca vous aide pour la prestation scénique ?

Pas tellement. On s’est retrouvé assez perdus, puisqu’on vient tous du théâtre, et qu’on est donc habitués à jouer un personnage. Sur scène, à part si tu t’en créé un, tu n’as plus vraiment de conduite dictée. C’est quelque chose que nous travaillons en résidence au Studio des Variétés. C’est pour l’instant assez efficace, ou en tout cas rassurant.

Comment définissez vous votre style de musique ?

Très largement, je dirais de la pop-éléctro-indé. Pop parce que les mélodies le sont, éléctro pour les arrangements et indé parce que ce n’est pas FM.

Des adjectifs qui reviennent ?

Oui : cold pop !

Tu trouves que ta musique est vraiment froide ?

Non, mais parfois un peu triste, mélancolique. On nous dit aussi qu’on s’apparente à la new wave, à l’indus, et à certains groupes de slowcore nordiques tel que Hood. On revendique aussi l’influence de The Kinfe et de The Notwist avec Neon Golden qui est un album majeur.

Les influences sont variées au sein du groupe ?

Très ! Amélie adore le math rock. Thomas écoute beaucoup de Cold wave 80’s Jaques du Rock et du hippy hop. Donatien… on ne sait pas trop ! Il est capable de chanter un Jean-Jacques Goldman sans prévenir ! On écoute tous énormément de choses en fait.

Qu’est ce que tu détesterais retrouver dans un papier sur vous ?

Qu’on nous associe trop à la sphère fashion peut être. La problématique d’être dans le coup, ce n’est pas pour nous. Si on nous qualifiait comme tel, ça serait une petite erreur de lecture. On nous a récemment dit dans l’émission Novorama sur Radio Campus Paris que notre univers était trop épars, qu’il y avait trop de directions différentes dans l’album. Alors que ça fait partie du propos.

Quels sont vos projets ?

On essaye de continuer d’écrire pendant la tournée. On a vingt-cinq compositions, qu’il faut encore retravailler et toutes ne seront pas gardées d’ailleurs. Et on a un projet d’un album de remixes, avec près de 11 titres.

Interview par Nicolas Fait et Camille Hardouin


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