Isaac Delusion


Qui est Isaac Delusion ?

Jules : Isaac Delusion est un groupe de musique composé de deux personnes (trois en live) ; on fait de l’électro-pop avec divers horizons… On essaye de faire valoir nos deux influences musicales très différentes.

Êtes-vous des encyclopédistes du son ?

Loïc : On n’est pas des puristes même si, bien sûr, j’essaye d’avoir une collection de vinyles sympas ! Mais ce n’est pas forcément là-dedans que je puise.

Jules : On aimerait quand même bien avoir une cave de vinyles à la DJ Shadows !

Internet a-t-il eu un rôle dans la construction de votre univers musical ?

Jules : Oui, ça a tout changé. Je n’aurais pas pu écouter le centième de ce que j’écoute sans Internet. J’ai pu me créer une vraie culture, faire des recherches…

Dans les descriptions qui ont été faites de la musique d’Isaac Delusion, on retrouve souvent les adjectifs « doux » et « moelleux ». Est-ce que ces termes-là vous conviennent ?

Jules : Oui, cela correspond assez bien à ce que l’on veut faire ressentir. Après, on garde le souci du groove, ce n’est pas lancinant. C’est le mélange d’une facette mélodique, apportée davantage par Loïc, et de beats hip-hop que j’essaye d’apporter. Mais allez, c’est OK pour « moelleux » !

ISAACDELUSION12_AA« OK pour ‘moelleux’ ! »

Avez-vous une volonté de mettre l’auditeur dans une certaine atmosphère ?

Jules : Loïc a comme source d’inspiration des paysages. Il essaie de traduire ça en musique. Moi, c’est plutôt le ressenti que j’essaie de traduire : par exemple quand tu voyages, quand tu fous le camp, il y a une sorte de bouillonnement que je veux retranscrire.

Loïc : Le paysage, les grandes étendues, c’est inspirant, oui. Mais c’est une source d’inspiration parmi tant d’autres.

Est-ce qu’Isaac Delusion est un groupe nordique ? On pense parfois aux fjords, à la musique de Sigur Ros…

Loïc : J’écoute beaucoup de groupes du Nord, Sigur Ros notamment, donc ça peut transpirer, oui. J’aime bien l’idée que ces mecs soient dans leur coin et qu’ils fassent une musique qui ne ressemble à rien d’autre. Mais on n’est pas un groupe nordique, non, on ne le revendique pas !

Comment composez-vous ?

Loïc : On part souvent d’un sample, mais on peut aussi partir d’une mélodie jouée à la guitare…

Jules : On compose à deux, il n’y a pas de partage du travail. Je m’occupe plutôt de la structure des morceaux et Loïc plutôt de la mélodie, mais les choses ont bougé depuis nos débuts. Je n’ai pas uniquement en charge la partie électro et Loïc, la partie voix-guitare. C’est variable et c’est libre ! D’ailleurs les derniers morceaux sont issus de samples de Loïc.

ISAACDELUSION21_AA« C’est variable et c’est libre ! »

Avez-vous besoin d’isolement ou d’ouverture pour composer ? Le temps de la production et du studio est-il « consacré » ?

Jules : Nous ne sommes pas autistes, on a besoin du monde. On est parti trois jours en Bretagne, au bord de la mer. Cette expérience en « bulle » nous a permis de nous attaquer à d’autres façon de composer. Ca nous a permis de nous renouveler, d’explorer d’autres pistes – moins électro. Avant, on partait d’une ligne de guitare sur laquelle on plaquait un beat. Là, on est partis de samples et on s’est ouvert des tas d’autres voies. On n’a pas besoin de pause, la création est permanente. T’es en soirée, t’as entendu un truc, tu rentres chez toi et tu passes la nuit à vouloir le reproduire. Disons que c’est un va-et-vient : tu passes du temps avec du monde, et ensuite tu as le plaisir de revenir travailler.

Loïc : Si je passe trop de temps sur un truc, je m’énerve et je balance tout. J’ai besoin de sortir, j’ai peur de devenir fou !

Est-ce que vous rêvez d’une collaboration (Zdar est à la mode en moment) ?

Jules : Avec Danger Mouse, oui. C’est un mec qui arrive à travailler sur des dizaines de projets, très différents les uns des autres, et il met dans le mille à chaque fois. J’aime beaucoup Electric Guest et Gnarls Barkley.

Avez-vous un positionnement précis par rapport à la production ?

Loïc : L’électro te permet de travailler chez toi. Avec du bon matos, tu peux faire un son bien fat et homemade. Il y a une forme de confort que l’on recherche. On bosse à la maison, on aime l’esprit bricolage.

Est-ce que la scène est une suite logique chez Isaac Delusion ?

Loïc : Sur scène, on a une formation un peu hybride. Le son est balancé façon DJ set, et on travaille sur les instrus acoustiques et la voix. Cela nous laisse pas mal de liberté.

Jules : Ce mode de travail nous permet parfois d’utiliser des trouvailles live, de les recombiner et de les intégrer dans des morceaux studio. Il y a un côté instinctif, une part d’improvisation : le processus de création continue, cela évolue selon le contexte.

Loïc : On voit la création prendre forme, depuis chez nous jusqu’à la scène. C’est fascinant.

On sent une forme d’allant et d’optimisme dans votre musique. Est-ce conscient ?

Jules : On est heureux de ce qui nous arrive. On a joué live pour la première fois en janvier (2012), et aujourd’hui on passe sur Nova, on a joué à Londres, à Barcelone, à Varsovie… On se prend pas pour des oufs, on n’est pas du tout blazés, tu vois. On a conscience de ce qui nous arrive. Donc oui, il y a une forme de joie !

Loïc : On garde la tête froide, on bascule pas quand les gens disent qu’ils aiment ce que l’on fait. Ce serait facile de te dire que t’es un bonhomme… Pour nous, faire de la musique est une chance, on reste humble par rapport à tout ça.

Jules : On a envie d’être à la hauteur, de se battre pour exister, d’aller de l’avant.

Est-ce qu’Isaac Delusion est un groupe parisien ? Est-ce que vous vous réclamez d’une scène ?

Jules : On a la chance d’être à Paris pour les opportunités de jeu, pour les rencontres, mais on ne revendique pas Paris comme port d’attache. On s’en cogne un peu.

ISAACDELUSION22_AA« Ce serait facile de te dire que  t’es un bonhomme… »

Est-ce que ça vous botterait de travailler sur la mise en musique d’un film ?

Jules : Je faisais de la vidéo avant… Oui, ce serait un truc hyper stimulant d’habiller des images.

Pour quel réalisateur, dans l’idéal ?

Loïc : J’aime bien les univers musicaux de Gondry.

Jules : Wong Kar-wai ou Gondry, oui. Et puis Tarantino, qui fait des films et des BO énormes…

Quels sont vos prochains défis ?

Jules : On va travailler avec la Mairie de Fontenay-sous-Bois pour une résidence au cours de laquelle on animera des ateliers musique, paroles et vidéo avec des jeunes de 15-16 ans. Je pense que ce sera intéressant. On n’a jamais fait de truc pareils, c’est un petit défi.

Question subsidiaire : pourquoi les gens accélèrent-ils à la fin de l’escalator ?

Par appât du gain !

Interview par Fabien Hellier


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