Fiodor Dream Dog (partie 2)


Dernièrement, tu t’es produite au Silencio, ce club très privé de David Lynch à Paris. C’est un lieu un peu auréolé de mystère… Comment s’est passé le concert?

Pour replacer les choses dans leur réel contexte, je n’ai pas été programmée par le Silencio. C’est un lieu très select, avec un processus de sélection par l’argent, puisqu’il faut raquer pour être adhérent, mais il n’y a pas que ça. Il faut appartenir à un certain milieu social : il faut être artiste, musicien, dans le cinéma, ou dans la mode. Il y a une espèce de chose comme ça, dont je me sens assez loin. Il se trouve malgré tout que le Silencio fait envie, puisque c’est un lieu assez beau où il est possible de se produire, en plein centre de Paris, dans des conditions plus qu’acceptables. Évidemment, le Silencio ne m’a pas appelée pour me demander de jouer chez eux, cela va sans dire.

Je voulais absolument faire un concert en janvier, pour la sortie du disque, parce qu’on a eu en décembre des soucis très pénibles avec un concert annulé à la Maroquinerie. L’attachée de presse et la manageuse avaient fait tout un boulot avec les journalistes ; je ne voulais absolument pas que ce travail reste vain. Je travaille actuellement avec un chanteur qui connait bien ce milieu, et c’est lui qui m’a permis de jouer là bas. Ensuite, bien-sûr, le patron a validé, il a été très gentil et il a beaucoup aimé le concert. Ça s’est très bien passé.

Je pense que visuellement c’est aussi très beau de voir un groupe dans ce lieu. Une scène un peu écrasée par un plafond, avec un tour légèrement arrondi, doré, un peu comme un ancien cabaret.. Oui, c’est un lieu assez beau, avec des cocktails qui n’existent nulle part ailleurs !

Est-ce qu’il y a d’autres endroits où tu as joué, qui ont été particulièrement marquants pour toi?

Des centaines ! En fait, je n’ai pas fait des centaines de concerts avec mon projet, mais j’ai fait des milliers de concerts avec les projets des autres… De quel lieu j’aurais envie de te parler ?

Il y a un lieu minuscule à Marseille, qui s ‘appelle La Grotte des Accoules. Le nom n’est pas uniquement une rêverie, il se trouve que le lieu est réellement situé dans une grotte : une ancienne grotte, devenue une espèce de local qui accueille des concerts. C’est une salle vraiment minuscule, qui doit faire quinze mètres carrés, scène comprise ! J’avais fait un concert là-bas, avec un mec de Marseille que j’accompagnais, et je me souviens que le concert était assez drôle. La batterie qu’on m’avait prêtée sur place était si grosse… J »occupais vraiment toute la scène, et en plus pour les gens, voir un instrument si gros, ça fait quand même peur, ça ne donne pas envie de se rapprocher, tu as quand même peur de décéder ! On sentait que cette batterie produisait un volume sonore assez hors-normes. Donc les autres musiciens étaient vraiment relégués aux bords. Et en plus de ça, ma manageuse de l’époque avait eu un accident et elle était alitée. Donc on a fait le concert en direct avec elle sur Skype ! Les gens se passaient l’ordinateur, la voyaient, et elle pouvait voir le concert et ça, c’était vraiment cool.

FIODOR30_RA« Pas uniquement une rêverie »

Alors attention, j’ai deux questions un peu relous, qu’on doit souvent te poser. La première : est-ce que tu peux nous parler de l’origine de ton nom de scène?

Fiodor, c’est un prénom russe, masculin, qui n’est pas le mien à l’origine, mais qu’une amie m’avait attribué un soir. D’autres amies ont jugé que c’était bien, je l’ai gardé. Le reste est né d’une rêverie dans un train : je regardais le paysage qui défilait, et j’ai imaginé une maison ancienne, peut-être même moyenâgeuse, une maison en pierre dans laquelle j’entrais. J’imaginais l’histoire de cette maison, elle était vide, il y avait une pièce centrale, assez froide, avec une vaste cheminée sans feu. J’imaginais le feu qui avait pu exister à l’époque, et à droite de cette cheminée, j’imaginais une sculpture en pierre qui représentait un chien, et je me disais : tiens, à quoi ça peut bien servir ce truc là ? En fait, c’est comme si je me faisais à moi-même une visite de cette maison. Et regardant le chien en pierre, j’en déduisais (ou peut-être qu’on me disait) que c’était une statue qui figurait quelque chose vers lequel on pouvait venir se masser, si on voulait s’évader un peu, et penser, réfléchir, sans avoir affaire à une personne faite de chair et d’os capable de répondre. Un chien de rêve.

Oh, c’est très joli.. Je suis très satisfaite de cette réponse ! Deuxième question relou : comment définis tu ta musique, quand tu as à le faire?

Eh ben c’est du rap. (rires)

Parfait !

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