KIDSAREDEAD / Partie II : Rock Sound


Après une interview basée sur une sélection de morceaux et une interview fleuve, nous cuisinons aujourd’hui Kidsaredead à la façon geek. Guitare, arrangements, prog et yatch rock au menu.

D’après ce que l’on a compris, ton truc c’est la guitare. Qui est ton guitare-héro? Peux-tu nous en dire un peu plus sur celui dont tu avais le poster au dessus de ton lit dans ta chambre d’ado ?

Tous les gens qui jouent mieux que moi sont mes guitare-héros ! Récemment j’ai vu Stéphane de Thousand et à la fin du concert, je me suis dit que j’aimerais savoir jouer comme lui. Ce serait un bon focus Subjective, d’ailleurs. A vrai dire,  je ne suis pas spécialement obsédé par les guitare-héros. Mais c’est vrai que quand je dois faire de la guitare dans une formation guitare/basse/batterie, je me pose des questions sur mes limites guitaristiques… Comme musicien rock récemment, j’ai particulièrement kiffé le jeu de Terry Adams au clavinet dans NRBQ.

Qu’est-ce qui t’a été le plus utile pour apprendre à jouer : les plans de Guitar Part avec le CD, les tablatures trouvées sur internet, ou ton oreille ?

Je sais lire une tablature mais je n’ai vraiment pas l’habitude, et je n’ai jamais acheté Guitar Part. J’ai appris la guitare en écoutant et en jouant sur les disques, par exemple Marquee Moon de Television. Ah, voilà, ça répond à la question précédente. Marquee Moon est mon disque de guitare préféré : j’ai appris tous les solos, comme pour Santana 3.

Quel est le guitariste le plus innovant du moment selon toi ? Que penses-tu des virtuoses ?

J’ai déjà pas mal parlé de Stephen Malkmus dans les autres parties de l’interview. Récemment, j’ai beaucoup aimé les arrangements de guitare de Chris Weisman dont j’ai aussi parlé dans une chronique. Je ne me passionne pas pour le jeu d’un instrumentiste, la virtuosité pour la virtuosité ça m’emmerde. Ce que je préfère c’est écouter le son que font plusieurs personnes ensemble. J’adore la façon de jouer des mecs de The Band. Parmi les groupes virtuoses qui m’ont beaucoup impressionné récemment : les Dirty Projectors et Zun Zun Egui.

« Comme disait (guitare-héro au choix) : ‘la guitare, c’est dans les doigts coco' »

Prince – qui nous semble être une de tes influences – joue avec une ribambelle de pédales Boss. Préfères-tu un gros pédalier programmé au millimètre ou un assemblage de pédales diverses et variées?

Oui Prince, j’adore. Les pédales, c’est une quête perpétuelle. J’espère qu’ils vont faire une sequel à Pick Of Destiny de Jack Black sur les pédales d’effet. Mais je préférerais avoir un bon ampli, deux trois effets de base et savoir vraiment bien jouer. Et un roadie pour porter mes affaires. Comme disait (guitare-héro au choix) : « la guitare, c’est dans les doigts coco ».

Peux tu nous en dire plus sur ton parcours de guitariste. Sur quelle(s) guitare(s) as-tu commencé à jouer ? Quelles sont tes préférences aujourd’hui ?

J’ai acheté ma SG d’occasion quand j’avais 20 ans environ. C’était une bonne occasion, je l’ai achetée sans trop réfléchir. Pour moi, c’était la même que Frank Zappa ; je savais qu’il avait joué sur une SG. Et c’est ma seule guitare électrique depuis… C’est cher, les bons instruments. J’aimerais avoir une guitare qui ne se désaccorde pas à chaque morceau.

Cuivres, chœurs (notamment sur « Van Dyke Parking Carol »)… Il y a beaucoup d’arrangements chiadés sur The Other Side Of Town. Comme as-tu procédé ? D’où tiens-tu ce savoir ?

J’improvise les arrangements pendant l’enregistrement : tout au feeling. J’ai eu un 4 pistes quand j’étais ado et je faisais de l’overdub dans la cave de chez mes parents jusqu’à ce que les bandes crachent. Même si c’est du studio, il faut aussi essayer de trouver une magie de l’instant. C’est la fameuse théorie des accidents heureux de Brian Eno. Il y a vraiment un truc magique qui se passe lorsqu’on crée un arrangement sur un morceau, j’adore faire ça. Mais en ce moment, ce qui me touche le plus, c’est une chanson qui se tient avec une voix et un instrument : Clichés d’Alex ChiltonHow sad, how lovely de Connie Converse (que j’ai découvert grâce à Midget! sur Subjective, merci !) ; Richard Dawson ou encore  This Is The Kit.

« C’est quand j’entends l’ordinateur jouer à la place du groupe que je déprime. On produit beaucoup de musique calibrée pour se tirer une balle dans la tête »

On te voit parfois associé au prog, et même au yacht rock. Ce sont des musiques assez discréditées, pourquoi selon toi ? Le resteront-elles ?

Comme je l’ai raconté, le prog c’est un style que j’ai écouté et aimé quand j’étais ado, ça me rappelle le bon vieux temps du BEPC. Le yacht rock et le prog, ce sont deux problématiques différentes, tout de même… Bien qu’on puisse les regrouper en abordant la question sous l’angle du kitsch : ils sont tous deux discrédités pour le style vestimentaire et capillaire, les sons de synthés, les harmonies qui sonnent datés…

Ce qui a le plus disparu aujourd’hui, ce sont les disques avec des jams et de longs solos ; à part Godspeed You Black Emperor. Et puis avec le format de morceaux de 20 minutes – qui prend une face entière du vinyle -, le potentiel radio est faible. Le studio comme instrument avec toutes ses possibilités de montage, de programmation, etc. a pris peu à peu la place du musicien comme instrumentiste. Au départ, on l’utilisait pour repousser les limites du sonore : la musique concrète ou la musique psychédélique n’existeraient pas sans lui. Aujourd’hui, il est devenu un outil de standardisation, un tipp-ex géant. Fini de délirer. Jusque dans les années 70, ce que tu entendais d’abord dans la plupart des disques qui sortaient, c’était des mecs qui jouaient ensemble. Et puis ensuite, c’est un peu comme l’automatisation dans la fabrication des voitures : pourquoi prendre des humains alors que la machine fait mieux et sans erreurs ? Tant mieux, les musiciens auront plus de temps de loisir… Pour « Get Lucky » de Daft Punk, on fait jouer la crème de la crème des session man des années 70-80, mais on copie-colle quand même la tourne des couplets pour que ce soit plus efficace. Je préfère réécouter un best of de Toto. Je ne tiens pas du tout un discours anti-musiques électroniques, attention. C’est plutôt quand j’entends l’ordinateur jouer à la place du groupe que je déprime. On produit beaucoup de musique calibrée pour se tirer une balle dans la tête.

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