Nicolas Paugam : Vidéologie


La légende dit qu’au village, lors de veillées organisées, les hommes et les femmes se réunissaient pour regarder les clips de Nicolas Paugam dans des auberges troglodytiques. Ces soirs-là, si l’on tendait l’oreille, on pouvait entendre des villageois chuchoter à leurs voisins : « Mais cet homme est fou ! »…

Aujourd’hui, après avoir passé ce personnage au peigne fin dans notre dernier focus, on peut prétendre que Nicolas Paugam est fou oui, mais savant avant tout. Partisan des techniques « à l’ancienne » ou de celles de la Nouvelle Vague, Nico (tel qu’il signe ses vidéos) réalise ses clips avec peu de moyens et tourne avec des acteurs sélectionnés au casting sauvage, ou plutôt : dans son entourage. Mais derrière la contrainte budgétaire qui force l’autoproduction se cache aussi une occasion en or de représenter les choses telles qu’il les entend, avec ses images à lui. Car les vidéos de Nicolas Paugam sont des créations à l’état brut, sans artifice, sans étalonnage, mais avec beaucoup d’inventivité. J’ai dit « sans artifice » ? Non, pas exactement. Des artifices il y en a, mais ils sont faits main. Je repense alors à moi étant enfant quand je jouais à « faire des clips ». Poussée par le besoin de m’approprier la musique, je m’équipais de plumes, de diadèmes pailletés en plastique, et d’autres accessoires divers pour jouer le clip devant une caméra imaginaire. Il me semble que Nicolas fait pareil, sauf qu’il n’est plus enfant et que sa caméra fonctionne pour de vrai.

 

 

Rares sont ceux qui osent dévoiler leur propre regard sur leur propre musique. Ainsi à travers ses films, Nicolas Paugam  nous ouvre une brèche sur son monde ; ce monde dans lequel il peut paraître difficile d’entrer, mais d’autant plus pénible d’en sortir puisque finalement on s’y sent bien. En signant de son nom ses vidéos comme un peintre paraphe ses œuvres, chaque clip prend l’allure d’une création unique, qu’il faut prendre au sérieux, bien que l’humour ne soit pas en reste. Ici l’ironie est omniprésente mais n’étouffe pas les sujets traités, qui peuvent parfois être assez graves ou tristes dans le fond.

 

 

Il y a en effet une ambiguïté que l’on retrouve à plusieurs niveaux : l’humour et la mélancolie des paroles,  mais aussi une oscillation entre un ton léger et un mysticisme ambiant dans la forme. Cette résonnance ambigüe se traduit par la confrontation de faux décors miniatures avec les décors naturels qu’offrent les lieux de tournages. La plupart du temps, Nicolas Paugam apparaît au milieu de paysages ruraux voire désertiques (sauf pour « Facile », tourné en pleine rue). Les plans d’églises et de vieilles bâtisses reviennent de façon presque obsessionnelle, comme un rituel, au point que la caméra s’octroie même une plongée à l’intérieur d’une chapelle au format « playmobil ». Sa volonté de simplifier les moyens de production permet finalement de créer quelque chose de nouveau et d’agréablement intimiste pour celui qui regarde. De même, la caméra tient un rôle complice avec l’acteur-chanteur et pose ainsi un regard très subjectif sur les textes de Paugam, invitant le spectateur, dont la curiosité est décidément piquée au vif, à s’immiscer dans l’imaginarium de cet homme bizarre à la guitare savante et au(x) chapeau(x) fou(s).

 Texte : Caroline Berge

Crédit photo : Alexandre Morin

 

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Ci-dessous, les autres vidéos de Nicolas Paugam:

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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