BILLETS



RÊVE / Cosmic Belly


Subjective avait fait la connaissance de Julie Fossaert en 2011, quand nous avions rencontré le groupe lillois Peru Peru, pour qui elle joue de la basse, du clavier et chante, entre autres. Elle sort aujourd’hui le premier EP de son projet solo, Rêve.

Cosmic Belly / Ventre Univers, est un titre-programme pour une musique résolument intimiste. En cinq titres, Julie Fossaert explore la dichotomie entre l’intérieur et l’extérieur du soi. Quand le monde réel, froid et sauvage, est passé au crible du sensible, il fait naître dans l’univers intérieur et apaisant une douce mélancolie, où animaux et éléments naturels sont les manifestations totémiques de courants psychiques sous-jacents.

Plus simplement, Cosmic Belly s’apprécie par une de ces tièdes soirées de printemps où on s’assoit dans son jardin, un thé vert à la main, pour oublier la journée qui prend fin.

Par Thomas Darras

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A.P Witomski / Blue Happiest


Les périodes bleues sont toujours très belles. Il y a bien sûr celle de Picasso, au début de sa carrière. Il y a celle de Godard, lorsque Pierrot le fou, incarné par Belmondo, se tartine la figure de peinture bleue. Il y a évidemment celle Kieslowski, avant qu’il ne passe au Blanc puis au Rouge, et bien sûr celle de Kechiche, avec son film et sa palme. Il y a les Blue Moods et le Kind of Blue de Miles Davis.

Georges Bataille écrit le Bleu du ciel, Romain Gary lance Morel, le héros des Racines du ciel , « se perdre complètement dans la poursuite du bleu ». Le bleu est beau.

Une couleur obsédante, surtout en monochrome, que l’on retrouve dans chacun des titres du dernier EP d’A.P Witomski. Plongez dans Blue Happiest, pour sortir du gris, en attendant les douceurs d’un été qui tarde à se montrer. Mais n’oubliez pas, au dessus des nuages, le ciel est toujours bleu.

Par Nicolas Fait



Pilöt Kidz / Walking In rÖws


Étrange paradoxe, Pilöt sont devenus des Kidz, en dépit de l’influence du temps. Nouvelle mouture, nouvel album, Pilöt Kidz a pris en maturité. Toujours cet amour des chants lancinants comme des plaintes de chimère, des rythmes gras comme un orage d’été. Ce sens aigÜ de la fusion des genres, poussant au delà des frontières communément entendues. Au plaisir de notre ouÏe, dopée par ce sens voltaÏque de la musique qui leur est propre.

par Nicolas Fez

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Han Han


Han han Comment évoquer l’érotisme sans se prendre les pieds dans les tentacules du Porn ? Comment dire «han han» sans provoquer le rire des enfants ?

C’est en cherchant les réponses à ces questions que des jeunes gens biens sous tous rapports se sont lancés dans la création d’un magazine en ligne, un «webzine» comme on disait au temps du 56k, justement baptisé Han Han.

Dans le lit où fut conçu cet enfant du désir, on retrouve en position univoque Charly Lazer, de feu S.E.I.K. (obsession mensuelle de Subjective en juillet 2009), de Bison Bisou et de Ô Superman ainsi que Carlo Amen, photographe graphiste polymorphe.

Parce que Charly est une vieille connaissance et parce que chez Subjective on revendique notre nature d’obsédés, on ne pouvait pas ne pas parler de cette petite gâterie qu’est Han Han. Une entorse à notre ligne éditoriale musicale ? A peine une torsion de téton dans un trip SM ! Car dans Han Han, la musique est souvent la voie royale vers l’extase.

Bimestriel (il faut savoir prendre son temps), Han Han propose dans chaque numéro interviews, chroniques, photos et vidéos, poèmes et playlists ; une sélection de tout ce qui a émoustillé les rédacteurs pendant deux mois. La volonté affirmée du magazine est de proposer un érotisme instinctif loin du porno de masse, propre à éveiller les bas instinct du lecteur sans tomber dans le crade.

La mise en page de chaque numéro, des petites fenêtres juxtaposées renvoyant chacune à un article, évoque une boîte de chocolats dans laquelle on pioche avec gourmandise.

Outre le fait que beaucoup d’articles sont consacrés à des musiciens, les soirées Apérotisme recentrent le projet protéiforme sur la musique. Organisées tous les mois au Rouge, un bar du Vieux-Lille, elles sont pensées comme un prolongement du magazine, mélangeant image et son en projetant photos et vidéos évocatrices sur les musiciens en transe.

Tapez «porn» dans le champ de recherche et Google vous trouvera 1 milliard 350 millions de pages en 0.15 secondes. Autant dire que Han han, par ses évocations légères et raffinées, est un plaisir rare et inattendu dans le culture CUL actuelle, rare, inattendu et jouissif comme un rêve érotique un mardi soir.

par Thomas Darras

hanhan.fr
Le prochain Apérotisme
aura lieu vendredi 8 février au Rouge (Vieux-Lille)



HELLO KURT / Spectres


 

 

– Hello Kurt. Comment ça va ?

– Hum. Et toi ?

– Content que tu demandes. Fantastique.

– Ah. Pourquoi ça ?

– Je pense que j’ai joui dans un spectre la nuit dernière. J’en transpire à l’évoquer.

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HARPAGES / Au Moment


Émotion visuelle dans laquelle tu respireras lentement l’essence de la quiétude, sur des laps de temps insondables. Ataraxie des sens dans un soupir de basse, tu te dissiperas en suspension moléculaire dans l’instant d’une harmonie.

Harpagès précède l’Objet, formation dont nous vous parlions récemment. Ce sont deux frères qui forment le groupe éponyme, actif depuis le début des 2000’s. Au Moment est disponible chez Structure Records.

Par Nicolas Fez



Lolito : premier album


On m’a dit « t’es pas obligé de la rédiger cette chronique », mais pour moi, être obligé c’est de finir mes choux de Bruxelles pour ne pas fâcher ma mère, de laver des voitures au salon de l’automobile car il y a de l’argent de poche à la clé ou de bien penser à fermer le gaz pour éviter de faire péter l’immeuble. Non, écrire sur un truc qui me plaît, je ne me sens pas obligé… C’est même gratifiant de penser qu’on compte sur moi pour louer les qualités (nombreuses) de ce disque de Lolito.

D’abord, j’ai pris « Bastrd » en pleine poire ! Ces voix haut perchées, cette basse solide, ces riffs de guitare chaloupés, cette batterie qui tricote le tout. « Hold Me Kiss Me » ou « Annette’s Skirt » prolongent ce plaisir instantané.

Lolito Premier album

Il y a une vraie énergie punk rock mêlée à des mélodies pop. Deux chansons un peu plus heavy se glissent dans le lot et le français trouve sa place sur un titre qui ne doit rien à Patrick Coutin. Les chansons sont pour la plupart courtes, directes et sans détour. Ça fourmille d’idées : des chœurs d’enfants énervés (à qui on aurait refusé une glace par exemple), des mises en place originales (je pense à la chanson « Les Filles Et Les Gars »), des breaks inattendus (sur le titre « Lolito » notamment).

Les arrangements sont peu nombreux, on reste sur le combo classique basse / batterie / guitare, ce qui donne une sonorité sèche et nerveuse qui sied à merveille. L’ajout de clavier sur certains morceaux apporte de la légèreté mais c’est souvent pour mieux relancer la sauce ! La musique de Lolito est empreinte de nostalgie, elle nous renvoie parfois quelques années en arrière, au temps où on avait encore les cheveux longs…

Un coup de pied au cul peut-il être salutaire pour avancer ? Peut-être… En tout cas la musique de Lolito fout une petite claque et donne envie de se bouger : à voir absolument en concert !

par Antonin Ollivier

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