RENCONTRES



MIDGET !


Midget!, obsession SUBJECTIVE et focus du moment, répondent d’une voix à nos questions :

On sent chez Midget!, un univers très dense et une réelle invitation à le découvrir, où vous trouvez vous lors de l’écriture ? Vos chansons s’écrivent-elles face à la feuille ou face à la fenêtre ?

Les chansons s’écrivent (c’est bien d’ailleurs de le formuler sous cette forme réfléchie finalement elles s’écrivent plus qu’on les écrit peut-être)  et pour cette raison, il n’y a pas de lieu type, indéniablement plus de fenêtre que de feuille, plus de déambulation et d’errance que de point fixe. Elles s’écrivent aussi à deux, toujours, ce qui implique un va et vient, des revirements et des obstacles, des directions inattendues (pour nous). On essaie toujours de se surprendre l’un l’autre.


« plus de déambulation et d’errance que de point fixe »

Comment Midget! appréhende la production ? Quelle est sa place dans le processus de création ? 

C’est très important bien sûr, et cela varie énormément d’un morceau à l’autre. La plupart des morceaux s’écrivent à la guitare, mais nous avons rarement envie d’un objet fini guitare/voix, on essaie toujours d’entendre le morceau indépendamment de cette donnée fixe, la guitare peut tout à fait disparaître en cours de route, relayée par d’autres instruments. L’important c’est d’arriver à l’ambiance la plus proche possible de l’essence du morceau, et cela se fait souvent à tâtons, à coups d’idées saugrenues et d’essais provisoires qui parfois donnent la couleur qu’on recherchait. En même temps c’est compliqué parce que la plupart du temps on ne sait pas exactement ce qu’on recherche, il est rare qu’on se dise a priori, ce morceau doit sonner comme ça, il doit y avoir tel ou tel instrument, telle ou telle coloration. En général on les laisse vivre un peu, on les joue, on les triture, et puis on arrive quelque part.

Donnez-vous une place spécifique à vos chansons en français par rapport à celles en anglais ?

Pas particulièrement; l’histoire est un peu étrange, au départ on avait choisi l’anglais parce que je (claire) ne pensais pas pouvoir/savoir/vouloir chanter en français, et puis petit à petit cette envie s’est fait jour, de plus en plus fort, et finalement aujourd’hui, on a envie d’écrire en français et le prochain album sera probablement intégralement en français. Il a fallu tout ce cheminement pour moi, me débarrasser de cette pudeur qui me paralysait pour chanter dans ma propre langue, et une fois ce problème levé, je constate que c’est désormais plus proche de moi et qu’écrire en anglais est presque devenu artificiel … c’est un vrai changement qui s’est fait sur la durée mais de la manière la plus naturelle qui soit.

Pourquoi en France, dès qu’un groupe chante en anglais, il est interrogé sur le chanté en français ? 

Très bonne question, c’est un éternel débat, et quand on chante dans les deux langues c’est presque la première chose qu’on nous demande à chaque fois. J’imagine que certains ne comprennent pas qu’on chante dans une langue qui n’est pas la sienne, j’imagine que certains trouvent cela illégitime ou trop facile. Je ne sais pas trop qu’en penser, pour moi ça n’a aucune importance, l’important c’est la cohérence du propos, la façon dont l’artiste s’approprie une langue que ce soit la sienne ou non, qu’il la fasse sienne et qu’elle fasse sens en soi, pas au regard de critères linguistiques. Ce qui est énervant quand tu es français et que tu écris en anglais c’est que tu n’es jamais à l’abri qu’un anglophone te corrige ou te dise que ce n’est pas correct, ce n’est pas la façon dont on le dit en anglais etc … alors que si tu chantes dans ta propre langue, tu as le droit de la tordre et de la manier, personne ne te soupçonnera d’avoir fait une faute, ça laisse quand même plus de place à l’imagination et à la poésie …


« l’important c’est la cohérence du propos, la façon dont l’artiste s’approprie une langue »

Lorsqu’un groupe chante en français on a tendance à le comparer à de vieux artistes illustres. Comment vous positionnez-vous par rapport aux « illustres » ?

Alors là … on ne se positionne pas vraiment; j’ai l’impression que ce qu’on fait est très loin des classiques de la chanson française, qu’on n’écoute pas particulièrement d’ailleurs. ça n’a pas une place très importante dans notre construction musicale à l’un et à l’autre, et de manière générale on ne fait pas de musique en référence à des figures. Il y a des tonnes de gens qu’on aime et qui nous ont nourris, et qui d’une manière ou d’une autre doivent avoir leur place dans ce qu’on est et ce qui sort de nous, mais ce n’est jamais conscient.

On vous offre la possibilité de jouer où vous voulez, quel pourrait être votre lieu de concert idéal ?

Sur le bateau qui part des rives de l’Argentine et rejoint Montevideo.

Quels sont les artistes ou les groupes que vous vous mordez les doigts de n’avoir jamais vus ?

Thelonious Monk, Claude Debussy, Hank Williams.

Midget! doit faire la B.O d’un film, de quoi parlerait ce film, où l’action aurait-elle lieu ?

Il se passerait dans une ville lointaine ou inconnue surplombée par une énorme et maléfique cathédrale. Il y serait question de frêles épaules, de rangées d’algues, de mains d’enfants, d’oiseaux à bec noir, de bonhommes de neige. 

Auriez-vous un bon recueil de poésie à nous recommander pour la saison qui arrive ?

Paul Celan : La Rose de Personne. Valery Larbaud : A.O. Barnabooth. Philippe Soupault et André Breton : Les champs magnétiques.  Jérôme Rothenberg : Les techniciens du sacré (anthologie).
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Crédits photos : Julien Bourgeois

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Motorifik


Dans leur chronique de Secret Things, les Inrocks jugeaient — avec enthousiasme — que la « nostalgie » avait « contaminé tout l’album ». Est-ce que tu revendiques cela ?

Non, pas vraiment. A l’époque de l’enregistrement il n’arrêtait pas de pleuvoir, disons que j’étais plutôt nostalgique du soleil….

Il semblerait que nous soyons tous nostalgiques de notre « adolescence musicale ». Qu’est-ce qui a marqué la tienne ?

Des groupes comme Nirvana, les Smashing Pumpkins, Radiohead ou bien encore Jimi Hendrix, des grands classiques…

Il y a encore des choses qui t’excitent dans la musique pop (… au sens large) des années 2010 ?

Oui, j’aime bien des groupes comme Alt-J, Dutch Uncles, Grizzly Bear, Django Django, M. Ward, Chris Cohen, Kishi Bashi etc.

Quand tu es parti à Manchester, tu avais, je suppose, une certaine « image mentale » de la vie que tu pourrais y mener… Est-ce que la réalité s’est avérée fidèle à tes attentes ?

Je me rappelle avoir galéré pour trouver mon premier job. Mais en termes d’offre musicale, de concerts, de disquaires, sans parler des musiciens en tout genre, c’était une expérience inoubliable.

Tu es resté combien de temps là-bas ?

2 ans avec une pose de 2 mois au milieu

Tu as trouvé facile de t’intégrer dans la scène musicale de Manchester ?

J’ai eu un gros coup de chance dans le sens où j’ai atterri en collocation avec Philip Kay.

C’est vrai que le niveau est très élevé là-bas, la musique est vraiment ancrée dans la culture anglaise.

Musicalement, les Anglais ont une approche beaucoup plus décomplexée et ils ont souvent 2 trains d’avance par rapport à nous. Ils travaillent  énormément aussi pour cela (work hard, party hard!)

MOTORIFIK06_AA« J’ai eu un gros coup de chance »

Tu es allé chanter des chansons à Phil Kay quand vous vous êtes retrouvés en collocation. Tu l’as abordé comme cela, sans timidité ?

A l’époque on faisait de la musique tous les soirs (et une partie de la nuit) avec les membres de Working For A Nuclear Free City, c’était naturel, on cherchait juste à jouer quelque chose qu’on avait envie d’écouter. Je me rappelle lui avoir fait écouter « Secret Things » sur une vieille démo et on l’a réenregistré quelques temps après.

Ça te manque, l’Angleterre ?

Hormis l’atmosphère musicale qui rôde à chaque coin de rue et les soirées « Blowout » dans le quartier de Chorlton, pas vraiment.

Motorifik en live, aujourd’hui, tu considères que c’est un work in progress ?

Exactement, c’est une sorte de relecture avec le groupe constitué  d’Antoine (clavier), Jean-Christophe (basse), Charles (batteries). Puis l’arrivée de Paulo (guitare) a apporté une dimension très intéressante au groupe.

Vous avez participé à une des petites soirées « Merry Melodies » organisées par Subjective au Motel, et je crois savoir que le public a beaucoup aimé ce set acoustique. Est-ce une formule dont, vous aussi, vous êtes satisfaits ?

Oui c’était une très bonne soirée, on a pris beaucoup de plaisir avec cette formule intimiste.

L’album a déjà quelques années… Avec ce recul, quelle est la chanson dont tu restes le plus fier aujourd’hui ?

« Nameless Color ».

Et celle à laquelle vous rendez le mieux justice en concert ?

La chanson « Ghosts ».

MOTORIFIK02_AA« On a pris beaucoup de plaisir »

Tu aimerais continuer de faire « vivre » cet album, notamment en France ? Ou bien est-ce que tu as plutôt envie de passer à autre chose, notamment à de nouvelles compositions ?

Les deux. On essaie de faire des concerts le plus souvent possible et de composer de nouveaux titres.

Est-ce que Phil Kay continue de garder un œil sur ce que devient Motorifik ?

Oui, c’est aussi son bébé. Disons qu’il le laisse grandir tranquillement et qu’il aura son mot à dire et surtout produire un éventuel deuxième album !

Vous allez trouver le temps de faire un nouvel album ? Les chansons sont déjà prêtes ?

Aujourd’hui on a seulement quelques nouveaux titres donc il va falloir patienter un peu !



Persian Rabbit


Nico, on imagine que le nom du groupe a un rapport avec ton pays d’origine… Dans ton esprit, le lien entre la musique de Persian Rabbit et l’Iran va-t-il au-delà du clin d’oeil ?

Nico : Premièrement mon pays d’origine est la France. Mère française, père Iranien. Il est vrai qu’il m’arrive de m’inspirer de détails de vie que l’on trouve en Iran , j’essaie de les aborder d’une manière imagée. Une grande partie ma famille paternelle vit en Iran, je suis forcement touché par ce que les gens de ma génération vivent, ou par ce que le monde raconte sur ce pays qu’on ne connait qu’à travers les « médias ». D’une certaine manière cette culture fait partie de moi, elle m’accompagne donc dans toutes formes d’expression. On peut retrouver des inspirations dans certains morceaux de Persian Rabbit, mais aussi dans mes autres projets (Waiting For The Prophet, deuxième album du Green Vaughan). « Setareh » , un morceau sur l’EP de Persian Rabbit, qui signifie « étoile » en Perse, s’inspire d’un climat existant en Iran mais qui est tout aussi présent dans d’autres pays.

Est-ce que tu connais l’Iran d’aujourd’hui ?

Je ne dirais pas que je connais l’Iran. Les gens de ma famille comme mes rencontres me renvoient une image très différente de celle qu’on nous montre dans les médias. Saviez qu’il est interdit de danser dans un lieu public en Iran ? Imaginez un concert de métal où tout le monde est assis sur une chaise… Il existe toute une culture Underground au sens propre du terme. L’art y est un moyen d’expression réellement engagé. Quand on vit dans un pays qui nous prive de beaucoup de droits, on apprend le système D. Une T.V bridée = une parabole bidouillé dans le salon. Idem pour internet. Ce pays possède un passé très riche aussi bien en terme de sciences que d’architecture ou de littérature… qui continue d’inspirer le monde contemporain. Je vous conseille de regarder Les Chats Persans, c’est une fiction documentaire tournée autour du monde musical (rock indé, métal, rap, musique traditionnelle…) dans laquelle on découvre une génération détournant les interdits pour vivre ses convictions.

L’univers de Persian Rabbit semble « apaisé » par rapport à ce que tu as pu faire auparavant (ou encore aujourd’hui) avec d’autres groupes… Est-ce que tu aurais pu lancer ce projet quand tu avais 25 ans, ou bien fallait-il une maturité nouvelle ?

La maturité c’est toujours mieux, non ? Lors de la composition de l’EP, nous n’avions pas pour but de faire une musique calme, je pense que  l’harmonium et le mode de composition nous y a conduit.

On se souvient du « gospel » de ton ancien groupe White Loose Woman, on retrouve beaucoup de croix ou de crucifix dans tes photos, et on devine que la dimension mystique est importante chez Persian Rabbit. Quel rapport est-ce que tu entretiens avec la religion ?

Je respecte les principes fondamentaux de toutes les religions, je rejette ce que l’homme en fait. Le message n’est il pas plus important que le messager ? Je trouve que les signes religieux sont très forts en règle générale mais je pense que la palme revient à ce hippie défroqué crucifié. J’avoue que j’aime utiliser certains mots apparentés à la religion dans mes textes, j’y trouve une inspiration onirique.

PERSIAN RABBIT par Aliosha« Nous n’avions pas pour but de faire une musique calme »

Peux-tu nous présenter en quelques mots les autres membres du groupe ?

Dans l’ordre des rencontres au sein de Persian Rabbit…

Bastien : harmoniumiste. Également le batteur de Tang un groupe que j’écoute depuis longtemps. J’ai toujours voulu jouer avec ce mec à la batterie. On a eu l’occasion de composer quelques morceaux lors des premières Forest Sessions. Je l’avais croisé lors d’un concert à la Malterie (Lille), il m’avait dit qu’il aimait pianoter accompagné d’un verre de vin rouge. Je lui ai proposé de venir m’aider à jouer mes parties d’harmonium afin de pouvoir chanter sans contrainte. Il est vite tombé amoureux de cet instrument.

Oliv’ : guitariste. Il joue aussi dans Ed Wood Jr, un duo math rock bien barré, regorgeant de boucles. Il faut le voir en live pour le comprendre. On a également joué ensemble lors des deuxièmes Forest Sessions. C’est une personne qui se questionne énormément autour de son instrument, il y a une véritable recherche de son. Le fait d’utiliser un archet sur une guitare me plaît beaucoup C’est grâce à lui si le projet tient sur 5 pattes. En plus de son approche guitaristique, il apporte au groupe un équilibre.

Mat’ : Contrebassiste. The Hanged Man And The Moon, Two Left Ears… Ecoutez Two Left Ears ! Très bon projet electro ! Ce mec a le don pour trouver le riff qui te reste en tête après la répète. Et j’avoue être tombé sous le charme de cet instrument. Il est également l’un des co-fondateurs d’Attic Addict, projet mettant en scène des groupes indés au travers de la vidéo live.

Alex : Batteur. Alex a joué dans beaucoup de projets, a également accompagné des grands noms du jazz que je suis le seul à ne pas connaitre. Alex, c’est le genre de mec qui est tombé dedans quand il avait 5 ans et qu’il vivait dans les îles. Je pense qu’il nous apporte de la subtilité, ce qui nous permet de ne pas tomber dans le post rock proprement dit.

On sent que le projet artistique te tient extrêmement à cœur. Comment as-tu fait pour « embarquer » quatre autres personnes dans l’aventure ? Comment leur as-tu présenté ce que tu voulais faire ?

D’un côté, je commençais tout juste à jouer avec Bastien, puis Oliv’ nous a proposé de s’essayer à un nouveau projet. Nous nous sommes retrouvés dans le local d’Ed Wood Jr et Tang. Venant tous du milieu rock à tendance screamo/core blablabla….. Nous sommes arrivés à la fin de la répète avec un morceau rock. C’est ce qu’on savait faire et finalement c’était loin d’être terrible… J’avais ramené mon harmonium, j’ai joué un morceau ou deux. La sonorité de cet instrument a tenté tout le monde. On s’est quittés en se disant qu’on ne procéderait plus comme ça, que la prochaine fois on expérimenterait autrement. On s’est donc retrouvés chez Oliv, dans son « Home studio », on a enregistré un riff d’harmo, une batterie avec 1 micro, un clavier basse, une guitare et un chant. 3h après on avait fini le premier morceau de l’EP. Les 4 morceaux ont été composés de manière très instinctives, sans aucune répétition. On a contacté Mat à la fin des 4 songs pour qu’il pose des contrebasses. Il a pondu des couches d’archet sur « Setareh »et des riffs de basse entêtant, lui donnant une place au sein du groupe. On est allés mixer chez le grand, le talentueux mais humble R3myboy, avec qui je travaille, depuis le White Loose Woman sur tous mes projets. On a fait notre premier live à 4 avec une approche rythmique electro. Après réflexion, il nous manquait un batteur pour apporter plus de relief , on a contacté Alex, qui s’est avéré être la personne idéale au projet. Et voilà, Persian Rabbit est né…!

Est-ce que vous composez ensemble ?

Complètement ! J’apporte un riff d’harmo avec une ligne chant comme point de départ, si le groupe apprécie l’idée, le travail peut commencer. Je recherche juste les notes qui me touchent, je ne vais pas plus loin dans la composition en revanche je ne propose rien si je n’ai pas de textes. Il nous arrive parfois de retourner la structure dans tous les sens afin d’arriver à un résultat qui nous plaît à tous.

Quand on t’avait rencontré pour la première fois il y a trois ans, tu semblais hyper-enthousiaste par rapport à ce qu’on pourrait appeler, pour faire simple, la « scène indé lilloise ». Que penses-tu de l’évolution de cette scène ?

La scène Lilloise est très riche et variée.

Vous n’avez qu’a écouter : Ô Superman, Shiko Shiko, Marvin Hood, GYM, Bison Bisou, Drive With A Dead Girl, Pan Aurora, Chateau Brutal, Luminocolor, Two Left Ears, Tang, L’Oeuf, Ed Wood Jr, Green Vaughan, We Are Enfant Terrible, Cheyenne 40, Team Wild

Persian Rabbit à New York : ça va se faire ?

Oh que oui !!! Et même Montréal !



Isaac Delusion


Qui est Isaac Delusion ?

Jules : Isaac Delusion est un groupe de musique composé de deux personnes (trois en live) ; on fait de l’électro-pop avec divers horizons… On essaye de faire valoir nos deux influences musicales très différentes.

Êtes-vous des encyclopédistes du son ?

Loïc : On n’est pas des puristes même si, bien sûr, j’essaye d’avoir une collection de vinyles sympas ! Mais ce n’est pas forcément là-dedans que je puise.

Jules : On aimerait quand même bien avoir une cave de vinyles à la DJ Shadows !

Internet a-t-il eu un rôle dans la construction de votre univers musical ?

Jules : Oui, ça a tout changé. Je n’aurais pas pu écouter le centième de ce que j’écoute sans Internet. J’ai pu me créer une vraie culture, faire des recherches…

Dans les descriptions qui ont été faites de la musique d’Isaac Delusion, on retrouve souvent les adjectifs « doux » et « moelleux ». Est-ce que ces termes-là vous conviennent ?

Jules : Oui, cela correspond assez bien à ce que l’on veut faire ressentir. Après, on garde le souci du groove, ce n’est pas lancinant. C’est le mélange d’une facette mélodique, apportée davantage par Loïc, et de beats hip-hop que j’essaye d’apporter. Mais allez, c’est OK pour « moelleux » !

ISAACDELUSION12_AA« OK pour ‘moelleux’ ! »

Avez-vous une volonté de mettre l’auditeur dans une certaine atmosphère ?

Jules : Loïc a comme source d’inspiration des paysages. Il essaie de traduire ça en musique. Moi, c’est plutôt le ressenti que j’essaie de traduire : par exemple quand tu voyages, quand tu fous le camp, il y a une sorte de bouillonnement que je veux retranscrire.

Loïc : Le paysage, les grandes étendues, c’est inspirant, oui. Mais c’est une source d’inspiration parmi tant d’autres.

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Feu Machin


Comment est-ce que vous vendez le Machin (en quelques phrases) lorsque vous devez démarcher ?

Jade Bouchemit : En fait on ne sait pas vraiment le vendre, on a toujours un petit moment de latence quand on nous demande de définir Feu Machin. La question « définissez le style musical de Feu Machin » est la pire question qu’on puisse me poser !

Peut-être est-ce que vous vous débrouillez, justement, pour ne pas avoir à démarcher… !

On ne démarche plus depuis un an environ, je sais pas trop pourquoi, ça s’est un peu fait du jour au lendemain, on n’a plus eu besoin de démarcher mais on n’a jamais cherché à ne plus en avoir besoin.

FEUMACHIN13_AA« On ne sait pas vraiment le vendre »

Est-ce que vous préférez que le public aborde Feu Machin comme un projet autonome ? Ou bien plutôt comme une facette d’un univers plus grand, un élément parmi l’entrelacs de vos multiples projets communs ?

Feu Machin est au carrefour de nos différents projets, donc oui je préfère qu’il soit envisagé comme un élément connecté à ce qui nous anime par ailleurs en tant que groupe et en tant qu’individus.

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L’Objet


Ce qui a été écrit sur Plank dans la presse en appelle souvent à des comparaisons, notamment Can, Cluster ou encore Kraftwerk (pour parler de ce qui est labellisé «krautrock»), mais aussi Sonic Youth, Tortoise, Boards of Canada (sous une autre étiquette, celle du «post-rock»). Avez-vous trouvé ces parallèles justes ? Vous y êtes-vous retrouvés ?

Julien : On est tombé sur le titre « Plank » pour notre album en cherchant des traductions de mots évoquant un plateau… Le mot « Plank » (planche, plateau… en anglais ou néerlandais) nous plaisait et coïncidait avec le nom d’un grand producteur de krautrock des années 70. Mais on ne pensait pas que ce titre servirait à ce point de référence aux chroniqueurs. On aime le rock allemand, mais il me semble qu’il y a bien d’autres éléments dans notre musique. Pour ma part, au moment de mixer, à lépoque, je pensais curieusement davantage à des groupes comme Hood, Deerhunter ou Animal Collective… Apparemment ça ne se ressent pas. En tout cas, on n’avait pas l’intention délibérée de refaire du Can ou du Neu!. Sauf peut-être sur « Herbie part 2 ». Tortoise, Sonic Youth et Boards Of Canada sont aussi des influences, même si plus éloignées maintenant. Donc oui pourquoi pas. Ce qui nous étonne le plus c’est parfois la comparaison avec Battles. On n’a pas du tout leur virtuosité et on aborde la musique de façon beaucoup moins musclée. (rires)

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Fiodor Dream Dog (partie 2)


Dernièrement, tu t’es produite au Silencio, ce club très privé de David Lynch à Paris. C’est un lieu un peu auréolé de mystère… Comment s’est passé le concert?

Pour replacer les choses dans leur réel contexte, je n’ai pas été programmée par le Silencio. C’est un lieu très select, avec un processus de sélection par l’argent, puisqu’il faut raquer pour être adhérent, mais il n’y a pas que ça. Il faut appartenir à un certain milieu social : il faut être artiste, musicien, dans le cinéma, ou dans la mode. Il y a une espèce de chose comme ça, dont je me sens assez loin. Il se trouve malgré tout que le Silencio fait envie, puisque c’est un lieu assez beau où il est possible de se produire, en plein centre de Paris, dans des conditions plus qu’acceptables. Évidemment, le Silencio ne m’a pas appelée pour me demander de jouer chez eux, cela va sans dire.

Je voulais absolument faire un concert en janvier, pour la sortie du disque, parce qu’on a eu en décembre des soucis très pénibles avec un concert annulé à la Maroquinerie. L’attachée de presse et la manageuse avaient fait tout un boulot avec les journalistes ; je ne voulais absolument pas que ce travail reste vain. Je travaille actuellement avec un chanteur qui connait bien ce milieu, et c’est lui qui m’a permis de jouer là bas. Ensuite, bien-sûr, le patron a validé, il a été très gentil et il a beaucoup aimé le concert. Ça s’est très bien passé.

Je pense que visuellement c’est aussi très beau de voir un groupe dans ce lieu. Une scène un peu écrasée par un plafond, avec un tour légèrement arrondi, doré, un peu comme un ancien cabaret.. Oui, c’est un lieu assez beau, avec des cocktails qui n’existent nulle part ailleurs !

Est-ce qu’il y a d’autres endroits où tu as joué, qui ont été particulièrement marquants pour toi?

Des centaines ! En fait, je n’ai pas fait des centaines de concerts avec mon projet, mais j’ai fait des milliers de concerts avec les projets des autres… De quel lieu j’aurais envie de te parler ?

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