chronique



BATTLES / EP C / B EP ( 2006 )


Battles EP C B EP

Réunion de leurs deux précédents EP et du single Tras, EP C / B EP a propulsé Battles sur le devant de la scène qui, en concert, est littéralement occupée par l’excellent batteur John Stanier (Helmet). Accompagné de Ian Williams, Dave Konopka et Tyondai Braxton – ce dernier ayant maintenant quitté la formation – le quatuor nous livre ici le produit de leur digestion musicale: un math-rock réinventant l’electronica et le post-rock (dont on entend souvent dire qu’il est passé de mode avant même d’avoir été à la mode). Voix déformées, percussions répétitives, montées en puissance, enchevêtrements de boucles, harmonies saccadées, tout se transforme en rythme syncopé dans une alchimie sonore menée avec superbe. À l’écoute de morceaux comme « TRAS 3 », « IPT2 », ou « HI/LO », on remballe les préjugés sur le math-rock et qualifier ce dernier de fluide ne fait plus office de contradictio in adjecto.

par Jade Bouchemit


Voir la page de Feu Machin



PEEESSEYE / Commuting Between The Surface & The Underworld (2006)


PEEESSEYE Commuting Between TheSurface And The Underworld

Trio New-Yorkais composé du batteur Fritz Welch, du claviériste Jaime Fennely et du guitariste Chris Forsyth, Peeesseye (ex-Perfect Salvation Initiation) ne cesse de mettre en porte-à-faux toutes les classifications qu’on a pu en faire. Et l’OVNI musical qu’est Commuting Between The Surface & The Underworld ne déroge pas à la règle : bruitisme contemplatif ou folk sauvage ? Sans doute les deux à la fois. Que ce soit dans « Oo-Ee-Oo », où surgissent de magnifiques incidents bruitistes et perturbations vocales au milieu de la nappe sonore créée par les quelques accords de guitare et d’harmonium indien, ou dans « Distant Mud », qui inverse le schéma en transformant une trituration chaotique des instruments en une nappe structurée tant au niveau mélodique que rythmique, dans tous les cas la répétition se fait effervescence et le déchainement en sourdine de sonorités métalliques ne va pas sans surprendre l’auditeur. Tension, suspense et cliquetis qui prennent toute leur envergure dans « Stay Positive, Asshole », morceau dont l’obscure agitation sonne comme une menace.

par Jade Bouchemit

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ROBERT WYATT / Rock Bottom (1974)


Robert Wyatt Rock Bottom

Sans conteste un des meilleurs albums de rock du siècle dernier – si tant est qu’on puisse le classer dans un genre musical, Rock Bottom renferme ce genre de petits secrets nécessitant une oreille attentive pour pouvoir en profiter : la sérénité des cris étouffés.

À travers cet album tremblant et empli de fragilité – dont il compose la majeure partie durant sa convalescence après une chute qui le paralysa des deux jambes – Robert Wyatt nous offre un moment d’intensité musicale qu’on ne retrouve ni dans ses projets précédents (Soft Machine, Matching Mole, …) ni dans ses productions postérieures (Dondestan, Shleep, …). Guitare, synthé, percussions, voix, et j’en passe, tournoient ensemble dans un improbable équilibre en permanence au bord de la rupture. Étrange dynamique dont le point d’orgue se nomme « Alife » — quatrième morceau de l’album — qui fait advenir la rupture tant redoutée (attendue ?) pour clôturer sur « Little Red Robin Hood Hit The Road » qui, en deux temps, s’épure et se délite de son contenu au profit d’un abrupt rire de fin, d’une touchante lucidité.

par Jade Bouchemit

Lire aussi : la chronique de Rock Bottom par Michel Vilar (Lolito) et celle de « Alifib » par Camille Hardouin (Lilt)

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MARXY / Kyoshu Nostalgia (2005)


Marxy Kyoshu Nostalgia

Chacun a ses lubies, cet objet en est une pour moi. Il date maintenant (2005), et vieillit même assez mal. Marxy vit à Tokyo avec une des filles de Kiiiii et dirige le très dense et rigoureux blog Neojaponisme (mine d’or, pop culture, culture locale). Nostalgique de l’habillage sonore des jeux vidéo, il maîtrise aussi tout un répertoire pop (des Zombies aux Beach Boys) qu’il combine de manière assez gentille, mais toujours avec beaucoup d’affection et d’incision (ce qui se sent au fur et à mesure de sa discographie). On en fait le tour très rapidement, mais on y revient avec délectation.

par Edouard Rose

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ATOM TM & MASAKI SAKAMOTO / Alien Symphony (2010)


Atom TM & Masaki Sakamoto Alien Symphony

L’une des alliances les plus radieuses entendue ces dernières années, entre deux prodiges et technicistes (l’un est apparemment neurologue de formation) de la musique électronique. Des formes, des ondes multiples agrémentées autour d’un authentique corps (et cœur) pop japonais. Ça part dans tous les sens à toutes les vitesses, et c’est terriblement beau et touchant. Olivier Lamm de Chronic’art en a parlé, et beaucoup mieux que moi, ici.

par Edouard Rose

Écouter, Voir :
Atom TM et Masaki Sakamoto sur Soundcloud
Uwe Schmidt (Atom TM) sur Wikipédia
le site officiel de Masaki Sakamoto

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